Posted 25/11/2014 by Sword in Culture
 
 

Meth in France – Interview de l’auteur Marc Wilhem


Methinfrance03 _ nvelle versionPolicier, vous devez avoir mis beaucoup de vous, de votre expérience dans ce livre… ?
Beaucoup, je ne sais pas, mais un peu comme dans chaque roman. Beaucoup d’anecdotes sont vécues, pas forcément par moi, mais comme les marins, les flics adorent raconter des histoires.

Les mafias internationales ont-elles une réelle emprise en France ?
Je ne suis pas un expert, je suis comme une infirmière parlant d’une épidémie internationale. Mon point de vue n’est pas celui d’un praticien. Il semble y avoir peu de présence japonaise ou sud-américaine sur le territoire national (manque de communauté importante). Les vorivzakones russes sont un peu là, dans le sud de la France, mais surtout pour y dépenser leur argent, pas pour commettre des infractions. Depuis peu on voit des vorivzakones géorgiens, organisés et spécialisés dans tous types de vol, ainsi que des équipes albanaises ou moldaves. Il existe une forte criminalité organisée chinoise (surtout à Paris); leurs méfaits sont essentiellement intracommunautaires  (rackets,  prostitution,  etc. …) et donc assez opaques pour la police.

Vous connaissez bien les gangs sud-américains, parce que vous êtes d’origine argentine ?
Cela explique en partie que je m’intéresse plus particulièrement à ce qui se passe en Amérique du Sud et centrale. Je regarde cette partie du monde avec les yeux de Chimène. Nos gangs de banlieue n’en mènent pas large face aux bandes internationales.

Quel est le rapport de force entre eux ?
La relation privilégiée de certains jeunes de la cité avec le Maghreb les rendent efficaces pour l’importation de résine de cannabis et de cocaïne (les routes de la drogue passent maintenant par l’Afrique). La criminalité de « banlieue » se professionnalise vite. Ces « nouveaux caïds » ne sont cependant pas des « mafias ».

Le public aime à croire que la police ne s’occupe que de la petite délinquance (les incivilités) et moins du grand banditisme qui préfère une atmosphère sereine pour prospérer…?
Heureusement pour nous, il existe plus de petite délinquance que de grand banditisme. Nos efforts se portent donc surtout sur ce phénomène. A chaque service de police, sa spécialité, si les commissariats s’attaquent à la première, il existe des services spécialisés qui s’attaquent exclusivement à la seconde.

On dit aussi que les rapports entre la police et la justice sont mauvais …?
Il est difficile de parler de ses relations comme un tout, il s’agit d’une multitude de relations individuelles. Pour moi, j’ai déjà eu affaire à d’excellents juges d’instruction ou procureurs ainsi qu’à de véritables incompétents, nuisibles. Mais je suis sûr que si vous interrogez un magistrat, il vous dira la même chose de certains flics.

On parle de mutations dans les mafias, moins de drogue et de prostitution et de plus de délinquance financière « légale » en « col blanc »…. ?
Les possibilités offertes par la finance internationale et les paradis fiscaux constituent une aubaine pour la criminalité organisée. Cependant l’essentiel de ces organisations reste campé sur leurs créneaux historiques, racket, drogue, prostitution, trafic d’armes etc.

La police a-t-elle les moyens de s’adapter aux rapides évolutions de la grande délinquance ?
Par définition, la police s’adapte en fonction des infractions constatées. La réponse vient toujours après le problème, c’est mathématique. La loi l’emporte finalement mais je trouve votre roman assez pessimiste. Est-ce personnel ou un sentiment partagé par l’ensemble des policiers ? Difficile d’être très optimiste aujourd’hui. Je ne parle que de sécurité. Beaucoup de policiers écrivent, dans votre cas, c’est heureux. L’écriture est-elle une forme de refuge, pour vous protéger d’une profession très dure ou une vraie vocation ? Merci. Ecrire est avant tout un plaisir. Je ne crois pas avoir besoin d’un refuge. Mon travail me fait côtoyer des braqueurs, des casseurs, des escrocs, c’est à dire des gens « normaux » motivés par l’argent. Je n’ai pas à faire à des détraqués, des assassins ou à des drames familiaux sordides. Bizarrement je pense évoluer dans un monde relativement « sain ». 

L’écrivain l’emportera-t-il sur le policier ? Je ne crois pas mais qui peut dire de quoi la vie sera faite …?

Marc Wilhem (pen name) is a chief inspector at the BRB, well known section of the French police force specialized in fighting organized and financial crime). He has just published his second book about South American gangs in Paris. A sizzling thriller where his experience as a policeman and his style make it fascinating to read. Talking about international gangs, Marc states that the Japanese mafia is somewhat absent from France as are Russian gangs, unlike Georgian and Albanian who are starting to settle in. Chinese gangs are more difficult to fight as they deal with intra-communitarian activities, mostly rackets prostitution and drugs  among the Chinese community. Speaking about the relationship between cops and judges. Marc states that, like in all professional circles, there are efficient or incompetent technicians on both sides. Writing is for him a pleasure. Police officer, or writer : who will prevail ?


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