Automobile Club de Cannes – Historique

Nous sommes le mercredi 4 février 1903. Il est 20h30. Des hommes, que des hommes, sont réunis dans la salle de réception de la Société des Régates sur la Croisette. C’est un haut-lieu de Cannes où sont donnés sans cesse bals, concerts, représentations théâtrales et soirées mondaines.
Ce soir-là donc tous se sont retrouvés pour mener à bien la même mission : créer un automobile club à Cannes. Celui de Nice a déjà 7 ans, Paris a aussi le sien et Cannes – la ville des sports élégants – n’en a pas. Anormal.
Ce siècle (le vingtième) a donc trois ans. L’automobile n’est pas encore un phénomène de masse mais, en 1903, elle existe déjà.
Douze ans auparavant, en 1891, les Cannois ont été éblouis en voyant la première automobile de leur vie. C’est une Serpollet conduite par Ernest Archédéacon.
Il est venu de Paris par la route. Il n’y a à l’époque, ni nationale, ni départementale comme aujourd’hui. Les chemins sont en terre et les routes mal pavées. Ce voyage est donc déjà un exploit. Cette voiture a une particularité : elle est à vapeur… ! Et comme elle a la forme d’un œuf, elle est tout de suite surnommée « Œuf de Pâques ».
Il faut attendre 1896 pour que les Cannois découvrent leur première voiture à moteur à explosion. C’est une Peugeot. Elle est conduite par Julien Vauquelin.
Ce Julien Vauquelin, parlons-en. Imaginatif, passionné de technique et de nouveauté, il fait partie d’un cercle d’amis qui, à Cannes, s’est enflammé pour l’automobile. Parmi eux, il y a Georges Gallice. C’est lui qui, quelques années auparavant, en 1888, avec l’ingénieur Fernand Forest, a inventé le moteur 4 cylindres à explosion allumé par magnéto dont le carburateur avait un flotteur et un gicleur. Né en 1860 à Epernay, polytechnicien, d’esprit chercheur et inventif, il a déjà conduit de nombreux travaux et fait des découvertes dans les domaines de
l’électricité, de la chimie, de la téléphotographie (dont un panorama tournant), du chronométrage (appareil au 1/200ème de seconde), de la photographie en couleurs et bien sûr de l’automobile. Enthousiasmé par ce nouveau moyen de loco- motion, il passe son permis de conduire en 1898.
Georges Gallice et Julien Vauquelin ont un point commun : ils aiment Cannes et y passent chaque année une bonne partie de l’hiver. A ces deux hommes il faut ajouter Louis Andrau. Il est directeur d’un périodique « La Côte d’Azur sportive ». Il ne se contente pas d’être journaliste. Il organise aussi lui-même des compétitions et c’est à lui que l’on doit la première course automobile disputée à Cannes en avril 1900. L’idée de créer cette course lui est sans doute venue en rendant compte d’autres compétitions comme le rallye Marseille-Nice de 1897 remporté à la moyenne de 31km287 à l’heure ou celui de 1898 avec trois Panhard et Levassor et une Peugeot, firme qui se lance dans la construction automobile.
Chaque année les pilotes vont plus vite. En 1900 le Marseille-Nice est remporté à la moyenne de 58km350. En 1901 le Nice-Salon-Nice à 68km398 pour une voiture à essence et à 71km406 pour la fameuse Serpolet à vapeur. Mieux encore : en 1902 à Nice, honte aux radars qui bien sûr n’existent pas encore, le mur du 100km/h est pulvérisé : 123,295 km/h sur la Promenade des Anglais.
Tout va donc aller très vite. L’Automobile Club de Cannes est créé. Georges Gallice est élu président. MM Vauquelin et Serraillier Vice-présidents, Heurtard secrétaire, Brohlemam trésorier, Mounier, Lacour, Stoecklin, Russel, Loubet et Rouff assesseurs.
Les buts de l’association sont clairs :
L’article 1er précise : Il est fondé à Cannes, sous le nom d’Automobile Club de Cannes, une société sportive ayant pour but de développer le tourisme et le sport automobile en général.
À noter dans l’article VII : Les dames sont admises comme membres. Cette décision a obtenu la majorité absolue. Et elles auront droit de vote (le vote politique ne leur sera accordé qu’en 1945 !). Le droit d’entrée est fixé à 10F. La cotisation annuelle à 20F. Des francs or bien entendu. Et il faut être parrainé puis accepté par un vote à bulletin secret.
Tout cela fait, les réunions se suivent à forte cadence. Le vendredi 20 février 1903 est créé la commission sport. Le vendredi 13 mars 1903 est organisé un défilé de voitures pour participer à l’inauguration de la Corniche d’Or qui va aller de Cannes à Saint Raphaël par le bord de mer. C’est ce jour-là aussi qu’est adopté le logo du Club présenté par M. Rouff. Tout est en route : statuts, dirigeants, objet, structures, finances, l’Automobile Club de Cannes peut donc aller vers son aventure. Elle dure toujours.
Le saviez-vous ?
Le premier atelier de mécanique fut créé à Cannes par François Ortelli en 1897.
En 1905, l’ingénieur automobile Berret réalise une usine de construction automobile à Cannes, place du Cdt Maria.
À partir de 1913, un carrossier cannois Brandonne se distingua dans la fabrication d’exemplaires sur commande.
Les Concours d’Élégance
La revue « La Saison de Cannes » de 1934 donne une délicieuse description : « Il n’y avait là que la fine fleur de l’aristocratie automobile, des capots longs comme ça, des nickels à vous faire voir le soleil un jour de pluie, des vernis plus polis que des glaces, des coussins moelleux, des chauffeurs impeccables, des chiens de luxe et, pour finir, de jolies femmes. Toutes, ou presque, ces voitures étaient présentées par leurs propriétaires »…
Revenons sur Les dates clés du concours : Dès 1904, dans le cadre de la Semaine Cannoise de l’Automobile, se déroule le 1er Concours d’élégance sur l’esplanade de la Croisette, près du Casino Municipal. On peut voir le lauréat très digne, melon sur la tête, barbe imposante, piloter sa machine auprès de son chauffeur-assistant, très attentif.
Durant quelques années des corsos d’automobiles fleuries qui disparaissent sous les roses, les œillets, les glycines et les fleurs du printemps remplacent ces Concours d’élégance. Ils reprennent à partir de 1924.
Une formule nouvelle est appliquée en 1929 : un grand Concours d’élégance automobile de plage en automobile. La toilette requise est la tenue de plage, maillot de bain, peignoir, cape de bain, pyjama, etc. En un mot tout ce qui se porte l’été à Cannes.
Du 25 décembre 1929 au 2 janvier 1930 Rallye mondial de l’élégance sportive vers Cannes, grandiose manifestation sur un parcours routier de 1.000km minimum dans un délai de quatre jours, avec arrivée le 30 décembre dans la cité. On assiste le 2 janvier au grand Concours d’élégance réservé aux voitures du rallye.
25 août 1932, Concours d’élégance en canots automobiles nouvelle section « Motor-Boat-Club » avec grand défilé en mer devant la Croisette de tous les canots.
En 1933 est organisé un Concours d’élégance uniquement réservé aux voitures de marque Fiat.
À partir de 1934 se déroule à Cannes deux concours. Le premier, comme à l’ordinaire, se tient à Pâques dans les jardins de la Croisette. L’Automobile Club, avec la participation du Comité des Fêtes de Cannes, innove en organisant celui du mois d’août en nocturne, dans les jardins du roi Albert 1er, à la pointe de la Croisette, près du Palm Beach, récemment ouvert pour une saison touristique qui dure désormais durant toute la saison d’été. Ils connaissent dès le début un grand succès. La presse locale relate quant à elle que « Un Concours d’élégance nocturne a plus d’attrait encore qu’un Concours d’élégance diurne. Sous les feux des projecteurs, les lignes des femmes et celles des voitures se marient avec plus d’aisance. Il en résulte une harmonie à l’image de ces nuits d’Orient qui sont celles de la Côte d’Azur… Concours d’élégance en nocturne… C’est-à-dire que sous les projecteurs puissants, dans les jardins exotiques de la Pointe de la Croisette, le short voisinera aimablement avec la robe de soirée. Tout fut ravissant du reste pour cette présentation de la voiture et de la femme… Jamais gamme de carrosserie aussi éblouissante n’avait été égrenée et jamais les conductrices ne furent aussi jolies. Des écrins nacrés, aux intérieurs douillets, elles jaillirent tour à tour pour s’offrir en souriant aux arrêts du jury. Et le miracle fut réalisé de satisfaire chacune… et le public ».
Mais bientôt, le conflit mondial fait disparaître les manifestations sportives, culturelles et mondaines. A Cannes, où la déclaration de guerre a interrompu le premier Festival du film, l’heure n’est plus aux Concours d’élégance automobile.
1946 les voit renaître sur le jardin Albert 1er, pavoisé aux couleurs des nations alliées.
Les années 1980 sont marquées par d’originaux Concours d’élégance dont plusieurs sur le thème de l’histoire du cinéma.
Plus tard, sont instaurés des Concours d’élégance non pas comme autrefois avec des « modèles présentant le dernier cri du confort et de l’élégance » mais avec des voitures de collection, suscitant toujours le même engouement.
Rendez-vous est pris pour le prochain
CONCOURS D’ELEGANCE AUTOMOBILE organisé par L’AUTOMOBILE CLUB CANNES CÔTE D’AZUR
En costumes d’époque, Dimanche 7 juillet 2013, de 17h à 19h, Square Verdun (entre le port Canto et le Palm Beach) la Croisette à Cannes.
Entrée gratuite
Renseignements : 06.09.54.48.59